Qu'est-ce qui pourra sauver l'amour, chantait Daniel Balavoine. Mais qu'est-ce qu'aimer vraiment ?
Mendiant ou tyran ?
Comment aimer vraiment ? Le film « Une famille italienne », sorti ce mois d’août en France, met en scène une famille qui se retrouve pour fêter les 50 ans de mariage du couple parental phare, autour duquel sont réunis les fils, la fille, les cousins, les frères, les soeurs etc. La plupart des relations montrées dans ce film sont faites de peurs d’abandon, de projections, de manipulations, ou encore de
passions, qui laissent un drôle de sentiment. Et l’amour, dans tout ça ? Est-ce qu’aimer, c’est « vouloir » l’autre, se l’approprier ? Est-ce que j’aime lorsque je me transforme en mendiant de l’amour, ou en tyran ? Est-ce que l’amour est un dû ?
Amour, mode d’emploi
On déclare souvent à tort et à travers « aimer » quelqu’un ou quelque chose, mais de quoi parle-t-on, au juste ? Car dans ce domaine, les projections sur l'autre sont courantes. Est-ce qu’il n’y a qu’une façon d’aimer, censée nous apporter le bonheur ? Evidemment non ! Ce serait à la fois trop simple et dénué d’intérêt. Nous ne sommes pas égaux devant l’amour, pas plus devant celui qu’on reçoit que devant celui qu’on donne. Là encore, notre enfance joue un rôle important. Comment avons-nous été aimés ? Et comment nos parents s’aimaient-ils ? Il semble que nous imitions l’amour avant de le ressentir et que nous sommes entraînés dans des tourbillons de sentiments et d’émotions contradictoires que nous ne prenons même pas le temps d’interroger.
Eros, Philia et Agapé
Les Grecs utilisent plusieurs termes pour qualifier l’amour, notamment Eros, Philia et Agapé. Pour simplifier, Eros signifie l’attirance, l’amour physique, la passion, l’attachement, Philia, l’amitié, l’estime réciproque et Agapé, l’amour large et désintéressé, le plus difficile à atteindre, le Graal de l’amour ! La quête de l’amour apparaît bien souvent comme la quête de soi. « J’aime, donc je suis » ou « je suis aimé, donc je suis ». Mais ceux qui cherchent à devenir qui ils sont vraiment ne sauraient s’en satisfaire. Comprendre nos coups de coeur, nos sorties de route, nos douleurs ou nos projections nous permet de mieux nous connaître et de savoir qui nous aimons vraiment quand nous aimons, et pourquoi. En amour, il y a des donneurs et des receveurs. Un juste équilibre entre les deux est nécessaire pour se sentir épanoui.
Un sentiment vivant
L’amour est un sentiment vivant, qui meurt si on l’étouffe. Pour le laisser vivre sa vie, croître et se développer sans chercher à le contrôler, il faut pouvoir se connaître et refuser de faire de l’amour une béquille pour nos souffrances non travaillées. Dans ce domaine, les rencontres peuvent être merveilleuses ou dangereuses, car le sentiment amoureux vient parfois cogner dans nos angles morts et réactiver des souffrances passées. Ce n’est que lorsque nous sommes en mesure de les identifier et de les guérir que nous pouvons être, pour nous-mêmes et pour ceux que nous aimons, de l’engrais et pas du désherbant.