Le choix de nos partenaires, à l’âge adulte, est très souvent conditionné par les expériences que nous avons vécues enfant. La façon dont nous nous comportons dans nos relations affectives dit beaucoup de notre degré de sécurité affective.
L'attachement
Les liens amoureux activent et réactivent bien souvent des éléments de notre passé. Il peut nous arriver d’idéaliser l’autre, de nous caler sur ce que nous avons observé chez nos parents, de faire résolument le contraire de ce qu’ils ont fait, d’être dépendant, d’avoir peur de l’attachement etc.
Pour être pleinement en lien avec une autre personne, il faut construire sa propre sécurité affective. Elle est fonction des liens d’attachement que nous avons expérimentés avec notre entourage. L’attachement qui se met en place chez un enfant lui permet de se sentir proche de sa figure d’attachement (parent ou adulte référent) et de ressentir ce fameux sentiment de sécurité.
Le nouveau-né
John Bowlby, psychiatre et psychanalyste britannique a beaucoup travaillé sur les relations mère-enfant et est célèbre pour ses travaux sur l’attachement. Lorsque le bébé vient au monde, il est vulnérable. Il a besoin de son entourage pour tout. Il est dans un état de totale dépendance. Les liens qu’il noue avec ses parents sont le point de départ de la construction de sa sécurité affective. S’il est nourri quand il a faim, pris dans les bras, couché à des horaires réguliers, dans un climat calme, il peut éprouver une sécurité intérieure. Mais pour acquérir ce sentiment de sécurité intérieure, il doit faire l’expérience, de façon quotidienne, du fait que ses besoins élémentaires sont satisfaits. On peut se faire une idée de ce qu’est le sentiment de sécurité affective en regardant manger un bébé. La faim le tenaille, il hurle, puis tète avec avidité. A mesure qu’il est nourri, il se détend. Lorsqu’il est rassasié, il peut enfin s’apaiser et somnoler. Il fait l’expérience d’un besoin élémentaire comblé de façon régulière. Il se sent en sécurité. Mais si ses besoins ne sont pas comblés, il ne peut pas ressentir ce sentiment d’apaisement et de sécurité. Or, selon Bowlby, ce n’est que lorsque ses besoins d’attachements sont satisfaits que le jeune enfant peut s’éloigner en toute sécurité de sa figure d’attachement pour explorer le monde qui l’entoure.
Les différents types d’attachement
Mary Ainsworth est une psychologue du développement, qui sur les traces de John Bowlby, a joué un rôle important dans la théorie de l’attachement. Elle a défini plusieurs types d’attachement, qu’elle a classé en trois catégories
- l’attachement insécure ambivalent/anxieux,
- l’attachement insécure évitant,
- l’attachement sécure.
Qu’est-ce qui fait la différence entre un lien sécure et un lien insécure ? Dans le premier cas, l’adulte référent répond de manière adéquat aux besoins de l’enfant. Celui-ci n’a pas d’effort particulier à faire pour être entendu. Il reçoit de l’affection et des attentions. Dans le deuxième cas, la réponse de l’entourage est soit inadaptée à ses besoins, soit incohérente. L’enfant se voit donc contraint de mettre en place des stratégies d’adaptation. Il ne peut pas se sentir en sécurité.
Une fois adulte
Nombreux sont les adultes, hommes et femmes, à ne pas ressentir suffisamment de sécurité affective. Cette sécurité permet d’avoir un socle intérieur sur lequel s’appuyer. Elle favorise la prise de conscience de nos propres ressources. Elle permet de sentir qu’on peut compter sur soi-même. Etre en lien avec une autre personne n’est pas simple. Il convient de trouver la bonne distance. Trop de proximité peut faire craindre la dépendance, trop d’éloignement peut favoriser un sentiment d’insécurité.
La classification de Mary Ainsworth
Les adultes qui ont fait l’expérience d’un attachement secure font confiance à leur partenaire et sont à l’aise avec l’intimité. Ils peuvent se montrer tels qu’ils sont. Ils pensent que l’amour peut durer. Ils sont à l’aise avec le fait d’exprimer leurs émotions, leurs sentiments. Ils sont en capacité de reconnaître et d’exprimer ce qui ne va pas, d’accepter les conflits et d’imaginer des solutions pour sortir d’une situation difficile.
Les adultes qui ont développé un attachement ambivalents/anxieux ont des demandes affectives impossibles à combler par leur partenaire. Ils sont terrorisés à l’idée d’être abandonnés. Ils remettent toujours en question les sentiments de leur partenaire, auquel ils ont beaucoup de mal à faire confiance. Un simple évènement peut remettre toute la relation en question.
Les adultes à l’attachement évitants ont un rejet de l’attachement et ne supportent pas la dépendance affective. Ils conservent toujours une distance physique et/ou psychologique. Ils mettent en place un mécanisme de défense qu’il leur permet de désactiver les émotions trop douloureuse. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour se protéger des expériences susceptibles de leur faire ressentir une détresse affective.
Au niveau du cerveau
Le neuroscientifique américain Daniel Siegel a montré de quelle manière les interactions avec autrui, particulièrement les interactions précoces, modèlent la structure même du cerveau. Le point positif est que notre cerveau est capable de se reconfigurer au cours de notre vie. Ce qui signifie que même si, enfant, on a fait l’expérience d’un lien insecure, il est tout-à-fait possible de faire l’expérience de la sécurité intérieure. Dans le travail thérapeutique, la régularité et la sécurité offertes par le thérapeute à son patient, lui permet de faire l’expérience d’un lien secure. Et d’acquérir un sentiment de sécurité intérieure.