Le confinement de mars et celui que nous vivons actuellement sont tout sauf anodins. Ils ont un impact sur notre moral et notre énergie et peuvent provoquer beaucoup de souffrances.
Un confinement subi
Les deux confinements de mars et d’octobre ont été décidé par le gouvernement et ont été mis en place sans que nous ayons d’avis à donner. Le fait d’être ainsi privés de votre liberté n’est évidemment pas sans conséquences. Ils ont plongé beaucoup d’entre nous dans la stupeur. Les informations anxiogènes données en boucle par les chaînes d’information ont créé une peur d’être contaminé soi-même ou de voir ses proches être contaminés. Notre cerveau déjà angoissé à l’idée d’être malade a de surcroît été contraint, à l’annonce du confinement, de se plier à une réalité à laquelle il n’était absolument pas préparé.
Une vie confinée
L’organisation de la vie quotidienne s’est trouvée bouleversée. La généralisation du télétravail a modifié les habitudes, sans autre choix que de devoir s’adapter. Certains ont parfois pris ce temps pour souffler un peu, mais pour la plupart des personnes, cette réorganisation a provoqué de la souffrance. En effet, si les temps de trajet se sont de fait réduits, le temps de travail, lui, s’est souvent allongé. Des charges de travail aussi lourdes, voire plus lourdes, sans aucune gratifications à côté. Plus de sport, plus d’apéritifs entre amis, plus de dîner aux restaurants, de cinéma, de théâtres etc. Plus de distractions pour rendre supportable un quotidien étouffant. De quoi faire monter l’angoisse et même voir resurgir des douleurs qui ne s’étaient plus manifestées depuis quelques temps.
Des résurgences traumatiques
Pour des personnes victimes de traumatismes, vivre un confinement a des résonances particulières. L’enfermement et la contrainte mais aussi l’absence de dérivatifs, fait remonter à la surface les traumatismes vécus. Je vois dans mon cabinet combien ces deux confinements sont à l’origine de ces résurgences traumatiques. Privés de sorties, de travail, de contacts sociaux…, les personnes qui ont vécu des traumatismes sont aux prises avec de très grandes souffrances qu’ils n’identifient pas forcément tout de suite. Cauchemars, crises d’angoisses, flash d’agression, terreurs, idéations suicidaires etc. Je vois arriver dans mon cabinet des personnes qui ont été violemment remis au contact de leurs traumatismes lors du premier confinement, ou qui ont réussi à supporter celui de mars et qui sombrent maintenant. Il est crucial pour eux de mettre des mots sur ce qu’ils vivent et de ne pas rester seuls face à ces remontées extrêmement douloureuses.
Les effets collatéraux du confinement
Fatigue, manque total d’énergie et d’envie, perte de repères temporels, cauchemars, crises d’angoisse, anxiété marquée, dépression etc. Beaucoup de personnes sont concernées, à des degrés divers. La violence et la soudaineté de l’effet Covid a pris tout le monde de court. Personne n’aurait imaginé il y a un an de cela que nous serions aujourd’hui dans cette situation. Privés de déplacement, obligés de mettre un masque et de remplir une attestation pour se déplacer, avec interdiction de voir nos proches et de vivre comme nous l’entendons. Toutes ces mesures ont des conséquences sur notre moral, et cela concerne aussi les personnes qui n’ont pas de passé douloureux. Le choc provoqué par le Covid et les mesures mises en place sont très loin d’être neutres.
Confinement et lien social
Tous les âges sont concernés par ce choc. Les petits enfants peuvent faire un lien entre sécurité et visage masqué. Qu’en sera-t-il lorsque nous retirerons les masques ? Les enfants un peu plus âgés ne comprennent pas la situation et absorbe beaucoup d’angoisses. Leurs copains leur manque. Les adolescents et les jeunes adultes, qui se construisent beaucoup dans le regard des autres, sont touchés de plein fouet par la réduction drastique des contacts sociaux. Les adultes, selon les conditions dans lesquelles ils sont confinés, peuvent voir leur quotidien basculer avec l'apparition de crises d'angoisses auxquels ils ne sont pas du tout préparés. Les couples contraints de vivre toute la journée ensemble dans de petits espaces sont mis à rude épreuves. Les personnes âgés souffrent de ne plus voir leurs petits enfants et ont peur d’être contaminés… C’est tout le corps social qui souffre.
Quelques suggestions pour tenir le coup
Cette crise attaque le lien. Le lien avec nous-mêmes, le lien avec nos proches, le lien social. Il est important d’entrer en résistance et de lutter pour maintenir le lien. Organisez des plages de d’activités et de création : peinture, sculpture, écriture, conférence en ligne, lecture, cuisine etc. Offrez-vous des moments seuls, pour vous évader, nourrir votre sensibilité, déconnecter. Programmez des moments en famille en mettant à disposition de votre conjoint et/ou enfants, une boîte à rêves, dans laquelle chacun propose des activités pour la semaine : jeux de rôle, jeux de société, soirée dansante, pièce de théâtre, écriture collective d’une histoire à thèmes etc. Si vous êtes en couple, planifiez des moments tous les deux, en décorant votre appartement, en préparant un dîner spécial, un massage etc. Ecrivez des lettres aux gens que vous aimez, mettez en avant ce que vous aimez chez eux. Lutter, résister, c’est maintenir vivant ce lien, cet accueil de nous-même et des autres. Dans cette période, c'est vital.