Faire face à la douleur, physique et psychique, n'est jamais simple et demande un certain apprentissage. Aïe, ma douleur !
Mal, moi ? Jamais !
Comment faire face à la douleur ? Nous avons tous autour de nous des personnes qui s’expriment quand elles ne vont pas bien. Mais il y en a aussi qui ne disent jamais rien d’elles, qui font mine d’aller bien, ou qui sont sans cesse en mouvement pour ne pas se laisser rattraper par leur douleur. Mal, moi ? Jamais ! Se confronter à sa souffrance est parfois très difficile. La stratégie dans certains cas, est de ne surtout pas lui donner la parole. Muselée, on espère qu’elle finira par nous oublier… C'est la fuite en avant.
Même pas mal !
Le problème, c’est qu’on a beau museler notre douleur, l’asphyxier, la feinter et lui donner des ordres, les choses ne sont pas aussi simples. Imaginez votre douleur jetée dans un placard tout au fond de vous. Au début, il y a de fortes chances pour qu’elle soit tellement stupéfaite, qu’elle restera tranquille. Ensuite, elle va gémir et pleurer pour attirer votre attention, mais vous ne l’entendrez pas car vous remplirez votre vie de bruits et de fureur qui serviront à la masquer. Vous construirez un magnifique système de défense, avec des missiles sol-air anti souffrance, que vous serez prêt à balancer sur toute personne susceptible de vous reconnecter à ce que vous avez si soigneusement mis au placard. Les jours passeront, vous vous croirez enfin tranquille, sauf que… L'oubli est une option temporaire.
Ma douleur, ce Gremlins... !
Le problème, c’est que même si vous n’entendez plus votre douleur, elle n’a pas disparu pour autant. Pire, votre silence l’a rendu folle de rage et elle est de plus en plus bruyante. La tension que provoque une souffrance bâillonnée, dans la vie de quelqu’un qui fait tout pour ne pas l’entendre est difficile à décrire. On pourrait peut-être comparer ça à un marathon qui n’en finit pas parce que le coureur sait que s’il s’arrête, il est fichu. Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, c’est le corps qui lâche, épuisé de porter une armure aussi lourde. Dans le placard, profitant de votre fatigue, votre douleur est devenue un véritable Gremlins, et elle est prête à tout pour se faire entendre. C’est le moment de lui donner la parole…
Tu lui diras les mots bleus...
C’est très effrayant de se retrouver soudain nez à nez avec une douleur qu’on s’est employé à museler pendant des années. La voir, l’éprouver, la ressentir est insupportable. Qu’a-t-elle à nous dire ? Car si elle pleure, si elle crie, si elle a mal, c’est que quelque chose s’est passé. Elle ne joue pas la comédie, elle n’est pas là pour nous plomber pour son plaisir. Elle a quelque chose d’essentiel à nous dire. Une chose que nous n’avons pas voulu entendre et qui nous a petit à petit éloigné de nous-même jusqu’à en être réduit à vivre une vie invivable. Quand notre douleur peut enfin s’exprimer, être entendue et accueillie, il se produit un soulagement incomparable. C’est le début de la libération. Le début d’une vie sans placard, sans anesthésie et sans fuite en avant !